Conjoncture économique : le taux de pauvreté atteint 77,4%
jeudi 17 décembre | Mandimbisoa R.
L’économie malgache s’est contractée de 4,2% cette année. C’est ce que la Banque mondiale a indiqué dans sa dernière note de la conjoncture économique pour Madagascar. Elle estime ainsi que près de 1,4 million de personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté (à 1,9 dollar par jour) cette année, ce qui porte le taux de pauvreté à 77,4%, son niveau le plus élevé depuis 2012.
L’intensité de la récession est comparable à celle de la crise politique de 2009. Elle s’est notamment manifestée par une forte baisse des recettes d’exportation et des investissements privés.
Les perturbations du commerce international et de l’activité domestique liées à la pandémie de Covid-19 sont les principales cause de cette récession. Au cours du premier semestre de l’année, 64% des ménages ont signalé une perte de revenus et 97% des entreprises une baisse de la demande de leurs produits et services. Un arrêt brutal de l’activité économique a entraîné une augmentation significative de l’extrême pauvreté, les populations vulnérables des zones urbaines étant particulièrement touchées.
L’effondrement des recettes fiscales, associé à la crise, et l’augmentation des dépenses publiques ont entraîné une aggravation du déficit budgétaire. Celui-ci a atteint 5,2% du produit intérieur brut (PIB) cette année. Les risques de surendettement ont augmenté ces derniers mois, mais malgré que le secteur financier ait été touché par l’augmentation des défauts de crédit, la solvabilité des banques reste généralement saine.
« En l’absence de réformes ambitieuses, la crise risque d’exacerber ces contraintes et de freiner durablement le développement du pays », souligne Marc Stocker, économiste principal à la Banque mondiale pour Madagascar et auteur du rapport. « Au-delà des répercussions de la crise, la croissance économique reste structurellement entravée par l’insuffisance du capital humain, la forte prévalence de l’informalité et de l’agriculture de subsistance, le manque et le mauvais entretien des infrastructures de connectivité, et la faiblesse de la gouvernance », avance-t-il.
Les prévisions ne sont pas encore bonnes pour l’année à venir. La Banque Mondiale estime que les effets économiques de la pandémie continueront de se faire sentir en 2021. « La croissance devrait se redresser graduellement pour atteindre 2% en 2021, avant de rebondir plus sensiblement à 5,8% en 2022 », indique-t-elle dans sa projection. Une projection largement moins optimiste celle de l’Etat, qui prévoit un taux de croissance de 4,5% l’année prochaine, dans le projet de loi de finances 2021. Le taux de pauvreté restera bien supérieur à ses niveaux d’avant la crise, ne diminuant que modérément pour atteindre 76,6% en 2022. Mais les projections restent incertaines, avec la possibilité qu’une deuxième vague de la pandémie ou d’autres chocs économiques et climatiques retardent la reprise, prévient la Banque Mondiale.
« Le retour à une croissance durable va largement dépendre de la capacité de l’Etat à mobiliser des ressources intérieures pour les investissements prioritaires dans le capital humain et les infrastructures, ainsi que des réformes d’envergure pour stimuler l’investissement privé et la création d’emplois, accélérer la dématérialisation de l’économie, stimuler la productivité agricole, et renforcer la sécurité alimentaire », déclare Marie-Chantal Uwanyiligira, représentante de la Banque mondiale à Madagascar.
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