Mali : pour qui rame la junte au pouvoir ?
Cette satisfaction exprimée par le département d’État après la visite de Peter Pham au Mali n’est pas anodine.
Cela veut dire que le scénario du coup d’état signé France/USA dans ce pays clé de l’Afrique de l’Ouest par où toutes les manipulations, toutes les manœuvres de déstabilisations pourraient commencer à et être diligenté dans tout le sahel et vers la côte, s’est déroulé jusqu’ici presque sans accroc.
Récapitulons : le 18 août, une poignée de militaires sans nom ni réputation, affirme avoir fait un coup d’État sous les yeux de Barkhane avant de s’être hissé au sommet du pouvoir quelques semaines plus tard, sur fond d’un départ forcé voir d’une évacuation du président légalement élu et tout ceci alors que des manifestations anti occupation occidentale se succédaient, et ce sans répits.
En effet, à ce jour particulier Barkhane est ses amis de l’OTAN avait bien compris que des manœuvres de diversion telle que les manifestations M5, RFP sous le slogan trompeur IBK dégage n’irait pas apaiser la colère des millions de Maliens qui voient à travers la France et son accord d’Alger un projet de démembrement et d’implosion du grand mali
La junte que la Cédéao infiltrée par les occidentaux a sanctionné, a réussi à diviser l’armée, à en écarter les éléments les plus patriotes, ceux-là mêmes qui ont réussi en peu de temps sous les yeux ahuris des forces françaises à neutraliser les terroristes au nord et au centre et à en prendre le contrôle au profit de cette frange servile de l’armée qui ne sont là que pour exécuter…
Le nouveau cabinet dont la formation vient d’être annoncée a placé par ailleurs dans ses postes clés les membres de cette frange.
Des postes stratégiques notamment la Défense, la Sécurité, l’Administration territoriale et la Réconciliation nationale sont occupés par des membres influents de la junte militaire qui a renversé l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta.
Ainsi le colonel Sadio Camara, devient ministre de la Défense. Un autre chef de la junte, le colonel Modibo Koné, décroche le ministère de la Sécurité et de la Protection civile.
Le porte-parole de la junte, le colonel-major Ismaël Wagué, qui avait annoncé en pleine nuit à la télévision la prise du pouvoir par l’armée, obtient le portefeuille de la Réconciliation nationale.
Un autre militaire, le colonel Abdoulaye Maïga, prend la tête de l’Administration territoriale.
Voici les ministères désormais totalement placés sous le contrôle des USA et partant de Barkhane, car, entendons nous barkhane servira de paravent désormais à la présence américaine en Afrique de l’Ouest.
Rien qu’à énumérer le nom des ministères la priorité des Américains saute aux yeux : Pompeo se félicite la junte et sa feuille de route et il promet la levée des sanctions à son encontre et n’a pas honte de dire que sa politique consiste à contrer la chine et la Russie au Sahel, mais l’enjeu n’est pas là. Prendre le contrôle de la Défense, cela veut dire davantage de terrorisme, de frictions frontalières pour les semaines à venir, idem pour le portefeuille de la sécurité qui, contrôlé par les Américains qui pourraient signifier déstabilisation interne, le muselage de toute opposition, l’interdiction des manifs anti France et anti ingérence occidentale.
Vient ensuite le portefeuille de l’Administration territoriale, très significative quand elle tombe entre les mains des puissances qui travaillent depuis 2013 à l’éclatement du Mali et à la séparation de l’Azawad. Et dire que les presses américaine et française accusent perfidement l’Algérie d’avoir déjà annexé le nord du Mali. Mais ceci est une autre paire de manches, l’objectif étant de déstabiliser les frontières d’amitié et de solidarité algéro-malienne.
Côte d’Ivoire : qui décidera du sort du pays ?
Cette communauté internationale dont le média allemand parle ne renvoie évidemment pas aux voisins de la Côte d’Ivoire ni aux pays ouest-africains, même si les noms de la Cédeao et de l’UA sont évoqués
En effet, cette communauté internationale désigne dans les médias mainstream les États-Unis et la France soit, les puissances colonialistes anciennes et nouvelles.
De l’aveu même de ces mêmes puissances, la Côte d’Ivoire devient le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest, après une longue période d’instabilité enclenchée par ces mêmes puissances colonialistes. Il est donc temps que l’axe USA-OTAN s’y implique pour empêcher ce processus et de confisquer tout en sa faveur.
L’échéance présidentielle et les querelles de crochet qui l’entourent et qui attisent les ingérences US/France, s’inscrivent dans ce même sens.
On est dans une Côte d’Ivoire qui a réussi l’exploit de dépasser ses deux voisins regorgeant de richesses naturelles que sont le Ghana et le Nigeria, pour devenir le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest, selon les données révisées de la Banque mondiale. Selon les statistiques récemment publiées par la Banque mondiale, le PIB par habitant de la Côte d’Ivoire s’établissait à 2 286 dollars fin 2019, soit un niveau désormais supérieur à ceux du Ghana (2 202 dollars) et du Nigeria (2 230 dollars).
Résultat bien meilleur avec ce qui se passe en une Europe où la quasi-totalité du pays accuse un taux de croissance négatif non seulement lié à la Covid-19, mais encore au système capitaliste.
D’où sans doute cette question de DW : Côte d’Ivoire : que peut la communauté internationale ?
Mais est-ce à la communauté internationale de s’ingérer dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire ?
L’an dernier avec l’annonce de la libération de l’épouse de l’ex-président Gbagbo qui, rappelons-le, a été renversé puis arrêté en plein palais présidentiel avant d’être transféré par les soldats français, une ébauche de réconciliation nationale a pointé à l’horizon, ce qui a d’ailleurs largement contribué à une accélération de la croissance économique, du pays dans le secteur du cacao ce qui a permis à la Côte d’Ivoire de surmonter très facilement la période de crise Covid-19.
Ce sont ces résultats positifs qui sont visés par les ingérences occidentales dans le processus de la présidentielle.
Qu’Alassane Ouattara, ex-ami de la France est désormais l’ennemi de cette même France qui par ses tendances atlantistes tend à céder de plus en plus sa place aux Américains, veuille briguer un troisième mandat, qui veuille le faire sur le dos d’un ex-chef rebelle, ou de l’ex-président Gbagbo haït par cette même France, cela ne regarde ni les puissances occidentales, ni la diaspora manipulée qui incite via les réseaux sociaux le peuple ivoirien à basculer dans la violence, mais que le peuple ivoirien.
Niger : les USA n’ont plus leur place
Le Niger n’est pas prêt d’oublier que depuis 2017, et l’opération sous fausse bannière des Américains à Tongo Tongo, les forces américaines se sont multipliées sur le territoire nigérien. Depuis cette date effectivement, la Françafrique a cédé du terrain au Sahel au profit de Américafrique.
Trois ans après, les États-Unis organisent une cérémonie de commémorative en la mémoire des soldats tués pendant cette soi-disant attaque terroriste, qui au prix de la vie de quelques soldats américains a aplani le terrain à une présence grandissante des forces américaines au Niger.
« Dans son allocution, l’Ambassadeur des États-Unis au Niger est revenu sur les faits marquants de la coopération militaire entre son pays et le Niger. Ainsi, selon ces explications le département de la défense et le département d’État américain ont fourni plus de 500 millions de dollars en matériel d’assistance militaire et en programmes de formation. Aussi, a indiqué l’ambassadeur des États-Unis au Niger, les forces de défenses américaines travaillent avec l’armée et les policiers nigériens à travers tout le pays afin de développer et de maintenir une force professionnelle, de renforcer la sécurité frontalière, d’améliorer les compétences d’investigations et de collecte des renseignements », lit-on dans les articles publiés à ce sujet.
Depuis plus de trois ans, les drones américains survolent le ciel nigérien, bombardent les civils sous prétexte des opérations antiterroristes et sèment la terreur au sein de la population. De quelle coopération militaire entre les États-Unis et le Niger l’ambassadeur américain parle-t-il ?
Les États-Unis et leurs acolytes n’étaient-ils pas ceux mêmes qui via leurs instances et médias internationaux ont accusé l’armée nigérienne d’avoir fait recours à des exécutions extrajudiciaires contre les civils ? Il est vrai que de temps à autre et à l’appui de l’armée nigérienne, les États-Unis prétendent secourir le Niger en faisant des dons de matériels ridicules, mais le peuple nigérien n’est pas dupe et l’a d’ailleurs montré à travers des manifestations anti-occupation.
Les drones US visés dans le ciel nigérien sont une autre preuve du ras-le-bol de la population nigérienne vis-à-vis des ingérences américaines dans ce pays.
Que les États-Unis commémorent fièrement l’opération de Tongo Tongo, cela ne veut dire qu’une chose : l’arrogance américaine bat son plein.
Ce qui est sûr, c’est qu’au Niger, une fronde antiaméricaine est en train de se former. Depuis le non retentissant du Niger face aux USA lors vote d’une résolution anti-iranienne au conseil des gouverneurs de l’AIEA, et la démarche de l’État nigérien dans le droit fil de garder son droit souverain de dire non à l’Amérique, et ce par solidarité avec la lutte anti-impérialiste et anticolonialiste de l’Iran, la donne a changé dans ce pays.
Interview exclusive avec le président centrafricain Touadéra :
Les élections présidentielles en Centrafrique se tiendront en décembre prochain et les courants déstabilisateurs font leur apparition en RCA. Mais le président Touadéra sait comment tenir tête face à tout ce qui chercherait la déstabilisation du pays. Notre géopoliticien, Luc Michel, a interviewé le président Touadéra en exclusivité.
https://french.presstv.com/Detail/2020/10/07/635819/Mali-pour-qui-rame-la-junte-au-pouvoir