CUBA : LE GEANT ET LE PEUPLE

tourtaux-jacques Par Le 17/08/2022 0

Dans CUBA

17 Août 2022

Les pires moments pour son peuple, comme lors du passage d'un ouragan, sont ceux où le Commandant en chef peut se sentir le plus proche de son peuple

Auteur:  | internet@granma.cu

15 août 2022 09:08:50

La Place de la Révolution, le 26 juillet 1970. Photo : Roberto Salas

Le 5 juin 1958, en voyant les fragments des roquettes de l'armée de l'air américaine que l'aviation de la tyrannie avait lancées sur la maison du paysan Mario Sariol, en plein cœur de la Sierra Maestra, le commandant en chef Fidel Castro Ruz ne doutait pas que le chemin de la Révolution serait beaucoup plus difficile que prévu et que la lutte ne se terminerait pas avec la fin de la guerre.

En mars, le gouvernement des États-Unis avait annoncé la suspension de toutes les livraisons d'armes à la dictature, mais ces morceaux de métal brûlé portant l'inscription USAF (United States Air Force) confirmaient qu'en coulisses, la Maison-Blanche était déterminée à empêcher une nouvelle fois le triomphe révolutionnaire.

Le même jour, dans une lettre à Celia Sanchez, Fidel prévoyait qu'à la fin de cette guerre, une autre « beaucoup plus longue et plus grande » commencerait contre le voisin du Nord.

Dans son livre Por todos los caminos de la Sierra : La victoria estratégica (Sur tous les chemins de la Sierra : la victoire stratégique), il expliquera des années plus tard que « l'utilisation de roquettes étasuniennes dans l'attaque de Minas de Frio ne fit que confirmer mon opinion, fondée en définitive sur la propre histoire de Cuba (...) qu'une véritable révolution (...) était incompatible avec les intérêts nord-américains ».

C'est pourquoi, le 1er janvier 1959, lorsque le pays se réveilla avec la nouvelle de la fuite du tyran, le chef rebelle avertit depuis Santiago de Cuba que « la Révolution commence maintenant » et que « ce sera une entreprise difficile, pleine de dangers ».

C’est ainsi, avec la transparence d'un ami proche, sans jamais susciter de fausses attentes, l'homme qui était capable de voyager dans le futur, d'en revenir et de l'expliquer, s'est toujours adressé à son peuple.

Même le jour où la caravane de la liberté arriva enfin à La Havane, après deux ans de lutte, il ne laissa pas sa joie obscurcir sa raison. Et devant la foule qui célébrait le triomphe des rebelles, il souligna que de nombreux obstacles devraient être surmontés à l'avenir.

« Nous ne nous faisons pas d'illusions en croyant que tout sera facile à l'avenir ; il se pourrait même que tout soit plus difficile à l'avenir », devait-il déclarer, ajoutant que « tromper le peuple, susciter des illusions, aura toujours les pires conséquences ».

Le leader du mouvement qui avait réalisé l'impossible, le prouva encore et encore dans les années turbulentes de la Sierra Maestra.

"Comment l'armée rebelle parvint-elle à gagner la guerre ? En disant la vérité. Comment la tyrannie a-t-elle perdu la guerre ? En trompant les soldats (...).

Et c'est pourquoi je veux commencer - ou plutôt continuer - avec le même système : celui de toujours dire la vérité au peuple".

Dans les moments les plus tendus qui suivront, l'image de Fidel analysant avec les Cubains les événements les plus divers et définissant la manière d'y faire face sera récurrente.

Face à la guerre économique que la Maison Blanche déclencha à partir de 1959, aux sabotages, aux provocations, à l'invasion de Playa Giron, dans la baie des Cochons, à la Crise d'octobre, au banditisme contre-révolutionnaire, aux tentatives d'isolement du pays dans les organisations internationales, le génie du Commandant en chef et ses conseils inégalés devinrent un symbole de confiance et de triomphe.

« Si Fidel le dit, c'est que c'est vrai », deviendrait une phrase courante dans toute l'Île, face aux circonstances les plus complexes.

Lorsque le retour des Cinq Héros semblait impossible, après les sentences inadmissibles d'un système judiciaire partial et hostile, son affirmation qu'ils reviendraient soutiendrait l'espoir que des millions de personnes dans le monde continueraient à se battre jusqu'à leur libération.

« Une chose est certaine : où qu'il soit, quelle que soit la manière dont il se trouve et avec qui il est, Fidel Castro est là pour vaincre », a écrit le prix Nobel colombien de littérature Gabriel Garcia Marquez.

Il en avait été ainsi depuis ses débuts en tant que révolutionnaire. Bien des années auparavant, après le débarquement du yacht Granma et la débâcle qui marqua le premier combat contre les forces de la tyrannie à Alegria de Pio, le Commandant de la Révolution, Guillermo Garcia Frias, se retrouvait en compagnie de seulement deux combattants, avec deux fusils, dont l'un n'avait plus de balles. Mais le leader de la génération qui avait juré qu'en 1956, ils seraient soit libres, soit martyrs, n'avait rien d'un homme vaincu.

« Au milieu de cette situation où sa vie était en jeu, Fidel avait une attitude de triomphe (...) Et à la fin de cette conversation, il m'a dit : « Tu sais que si nous faisons les choses correctement, nous gagnerons la guerre ». Je l'ai regardé et j'ai pensé : « Ce type est complètement fou, parce qu'avec ces fusils de chasse, nous ne gagnerons rien du tout », avoua le vétéran guérillero au journaliste Wilmer Rodriguez Fernandez dans une interview parue dans le livre Yo conocí a Fidel (J'ai connu Fidel).

Ses discours d'aujourd'hui nous révèlent comment il affronta les difficultés les plus crues à la tête de la Révolution. Le 26 juillet 1989, après avoir exposé la situation complexe du camp socialiste et le fait que les fournitures qui arrivaient dans le pays avec une ponctualité d'horloge depuis presque 30 ans risquaient de ne plus être disponibles, il nous assura que, malgré cela, Cuba ne baisserait pas les bras.

 « Si demain ou un autre jour nous nous réveillons avec la nouvelle qu’une grande guerre civile a éclaté en URSS, ou même si nous nous réveillons avec la nouvelle que l’URSS s’est désintégrée (…), Cuba et la Révolution cubaine continueraient à lutter et à résister ! »

C'était le prélude à l'une des périodes les plus difficiles pour cette brave nation des Caraïbes.

Un an et demi plus tard, face à ce que l'on appelait déjà la « période spéciale », le leader de la Révolution cubain exposait la stratégie pour continuer d’aller de l'avant : « Le programme alimentaire est poursuivi de toutes ses forces, c'est la priorité numéro un. Pas un seul barrage, pas un seul canal, où un système hydraulique d'irrigation en cours de construction n'a été arrêté. »

Dans un contexte de restrictions en tout genre, avec cette impressionnante vision de l'avenir, il s’engagea également dans d'autres domaines qui allaient être essentiels pour notre développement. « Les programmes liés à la biotechnologie et à l'industrie médicale, (...), qui peuvent devenir une source de revenus importants pour le pays, sont prioritaires et continueront de l'être », avait souligné Fidel.

Il insista aussi sur la nécessité de promouvoir les zones d'autosuffisance, d’économiser au maximum, de sauver l'utilisation de la traction animale, rappelant qu'en aucun cas nous n'allions renoncer aux principaux acquis de la Révolution, tels que l'éducation et la santé.

Il y a quelques jours, le président de l'Union des journalistes cubains, Ricardo Ronquillo Bello, a rappelé dans un texte que pour Fidel, « le peuple n'est jamais responsable des problèmes, mais de la solution ».

Il avait soutenu la défense de la patrie quand, en 1959, il décida de créer les Milices nationales révolutionnaires, ainsi que les grands programmes comme la campagne d'alphabétisation.

En septembre 1960, face à l'augmentation des sabotages encouragés par les Etats-Unis, sa réponse avait été de créer les Comité de défense de la Révolution (CDR). « Nous allons mettre en place, face aux campagnes d'agression impérialistes, un système de vigilance collective révolutionnaire [...]. Parce que s'ils pensent qu'ils vont être capables de tenir tête au peuple, ils vont être très déçus. »

Il existe des centaines d'anecdotes sur le magnétisme de sa personnalité, depuis la colombe blanche qui se posée sur son épaule lors d'un discours en 1959, que beaucoup ont interprété comme une bénédiction divine, jusqu'à l’individu qui se trouvait à quelques mètres de lui, portant une caméra dont l'objectif était remplacé par une mitraillette, mais qui n’eut pas le courage de tirer…

La plus impressionnante de toutes est peut-être son départ imprudent, avec sa garde rapprochée non armée, lors des événements du 5 août 1994.

On raconte que même les individus qui lançaient des pierres et brisaient les vitrines des magasins se sont mis à l'applaudir lorsqu'ils l'ont vu arriver, et que ce que ses ennemis avaient prévu comme une gigantesque émeute aux conséquences imprévisibles, se transforma en meeting de réaffirmation révolutionnaire.

Cependant, refusant tout mérite personnel, Fidel dira que c'est une autre victoire pour nous tous.

« Il y a des années, nous avons affirmé que cette Révolution ne s'effondre pas (...) et qu'elle se maintient sur la base du soutien du peuple, du consensus populaire, de la conscience du peuple de ce qu'a été ce pays et de ce qu'il ne sera plus jamais. »

source : https://fr.granma.cu/cuba/2022-08-15/le-geant-et-le-peuple

 

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