Elysée 2017
François Hollande renonce à un deuxième mandat
01 décembre 2016 à 20h13
François Hollande
© Sipa Press
Il y avait bien eu un signe, jeudi dans l’après-midi : un texto adressé par l’équipe de communication de Manuel Valls aux journalistes en charge de Matignon, indiquant que le Premier ministre changerait de numéro de portable le soir même, à 20 heures précises. Mais comment l’interpréter ? La réponse est venue à l’heure dite, en direct de l’Elysée, sur les chaînes de radio et de télévision : François Hollande renonce à concourir pour un deuxième mandat présidentiel. Selon certaines sources, Manuel Valls devait dans la foulée annoncer qu’il se lançait dans la bataille en passant par la primaire de la gauche et quittait pour cela ses fonctions de chef de gouvernement.
Les sondages invariablement catastrophiques et, peut-être, les amicaux conseils d’un nombre croissant de ses fidèles, ont donc fini par l’emporter sur l’indécrottable optimisme de François Hollande. Le Président sortant a dû se rendre à l’évidence : ses chances de rempiler pour cinq ans étaient, pour ainsi dire, nulles. S’entêter, c’était non seulement aller au casse-pipe lui-même mais promettre à la gauche une défaite fracassante. Il l’a reconnu dans son allocution, expliquant n’avoir pas perdu sa « lucidité » au pouvoir et ne pouvoir « se résoudre » à l’éclatement de son camp, ni à sa défaite face à François Fillon ou Marine Le Pen.
Il passe donc, malgré lui, le flambeau à Manuel Valls, qui n’avait cessé ces derniers jours de tenter de le dissuader, y compris en prenant l’opinion publique à témoin, notamment en exprimant sa « honte » à la lecture du livre Un président ne devrait pas dire ça... Un ouvrage dont il espérait qu’il tracerait un portrait à sa gloire et qui lui a finalement été fatal.
Puisque personne ne semble disposé à le faire à sa place, le Président a donc dressé, face caméra, le bilan de son mandat – une sorte de longue auto-éloge funèbre au cours de laquelle il a évoqué le redressement des comptes publics, la Sécurité sociale « à l’équilibre », le compte pénibilité, l’accord de Paris sur le réchauffement climatique, le mariage pour tous ou encore la lutte contre le terrorisme. Mais il lui a bien fallu reconnaître « un seul regret », la proposition avortée d’extension de la déchéance de nationalité. Et admettre : « l’engagement majeur que j’avais pris devant vous, c’était de faire baisser le chômage (...). Le chômage enfin diminue mais il reste à un niveau trop élevé ».
En guise de testament, il a lancé cet avertissement à ses « chers compatriotes » : « Le plus grand danger, c’est le protectionnisme. L’enfermement, ce serait un désastre pour les travailleurs français ». Mais qui l’écoutait encore ?
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