• Cécile Rol-Tanguy
Cécile Rol-Tanguy vient de disparaître à l’âge de 101 ans au moment où nous célébrions le 75e anniversaire de la capitulation. Le MRN a salué la mémoire de cette figure de la Résistance féminine engagée avec son mari Henri Rol-Tanguy dans la lutte pour la libération.
Elle naît en 1919 à Royan dans une famille de militants communistes et syndicalistes. Formée à la sténodactylographie, elle travaille en novembre 1936 au Syndicat des métaux CGT de la région parisienne. Jeune femme engagée, elle adhère en 1936 à l’Union des jeunes filles de France puis, en 1938, au Parti communiste.
Elle participe activement à l’aide à l’Espagne républicaine et devient la marraine de guerre d’Henri Tanguy, engagé dans les Brigades internationales. Ils se marient en 1939.
Alors que les Allemands entrent à Paris et qu’elle est sans nouvelles de son mari, elle perd leur premier bébé. « Je n’avais plus rien, racontait-elle. Mon père avait été arrêté, mon mari, je ne savais pas où il était, et j’avais perdu ma petite fille. Qu’est-ce qui me retenait ? Je rentrais dans la Résistance. Ça m’a aidée. Ça m’a apporté quelque chose. » Contactée par la CGT, elle dactylographie des tracts et des articles pour des journaux clandestins.
Démobilisé en août 1940, Henri Tanguy retrouve son épouse à Paris et entre en résistance. Cécile joue un rôle essentiel et primordial auprès de lui. Elle est sa plus proche collaboratrice : elle frappe tracts, directives, rapports, voire journaux. Elle est également son agent de liaison. Parfois, elle transporte tracts et journaux clandestins, armes et explosifs, dans le landau de leurs enfants.
Lorsqu’Henri Tanguy devint en juin 1944, sous le nom de Rol, chef régional des FFI d’Île-de-France, Cécile continue à agir et à travailler auprès de lui. Le 19 août 1944, c’est elle qui rédige sous la dictée d’Henri le texte de l’appel à l’insurrection des Parisiens. Elle participe à la libération de Paris avec l’équipe de dactylos de l’état-major depuis le PC souterrain de Denfert-Rochereau.
Après-guerre, alors que son mari entame une carrière militaire, elle s’occupe de leurs enfants.
Cécile Rol-Tanguy était adhérente du MRN. Elle présidait l’association « Les Amis des combattants en Espagne républicaine » (ACER), membre du réseau MRN. Elle militait pour que le rôle des femmes dans la Résistance, trop longtemps occulté, soit enfin mis à l’honneur.
• Anise Postel-Vinay
Anise Girard naît en 1922. Sa famille, installée dans le 16e arrondissement de Paris à partir des années 1920 lui donne une éducation « catholique », « républicaine », ouverte sur le monde. Après son baccalauréat, elle est étudiante en allemand à La Sorbonne. À l’âge de 19 ans, elle entre en résistance et recueille des renseignements militaires pour un réseau de l’Intelligence Service. Avec sa bicyclette, elle parcourt la petite couronne parisienne et relève les positions allemandes. Ces renseignements traduits en anglais, photographiés, miniaturisés sont envoyés à Londres, cachés dans des boîtes d’allumettes à double fond. Elle apprendra beaucoup plus tard que le camarade traducteur n’était autre que le dramaturge Samuel Beckett.
Anise Girard est arrêtée le 15 août 1942. Internée à la prison de La Santé et à Fresnes puis au Fort de Romainville, elle est déportée à Ravensbrück en octobre 1943.
Pendant le voyage qui l’emmène vers l’Allemagne, elle se lie avec Germaine Tillion. Autour de celle-ci se forme une « coalition de l’amitié » comme le disait cette dernière qui permet à Anise Girard et à ses camarades dont Geneviève de Gaulle de survivre malgré la promiscuité, les privations et la menace constante de l’arbitraire nazi. Anise Girard est libérée le 23 avril 1945.
Après la guerre, elle a consacré une part de son temps à des associations d’anciens déportés et a participé aux travaux historiques sur la déportation des femmes et contre le négationnisme. Elle a contribué à plusieurs ouvrages traitant des camps notamment aux trois ouvrages publiés par Germaine Tillion sur Ravensbrück (1946, 1973 et 1988).
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