Et visiblement, alors que le vol retour vers sa base de Tinina, située au milieu du Pacifique est encore très long, il s'interroge sur le bien-fondé de l'action qu'il vient de mener avec les 11 autres aviateurs présents pour cette mission.
"Je crois que les Japs vont se rendre"
Robert Lewis essaye de se convaincre en se persuadant que la guerre sera bientôt finie. "J'ai jeté un dernier coup d'oeil, je crois vraiment que les Japs vont se rendre avant que nous atterrissions à Tinian. Ils ne vont certainement pas vouloir qu'on leur en lâche d'autres de ce calibre", se dit-il. De fait, les Japonais ne capituleront que 27 jours plus tard, avec entre-temps, une nouvelle attaque à la bombe atomique le 9 août, à Nagasaki cette fois.
A l'époque, les états d'âme de Robert Lewis étaient peu partagés par les Américains, en premier lieu par son supérieur, Paul Tibbets, à la fois pilote et commandant de la mission. 70 ans après, c'est toujours en majorité le cas. Selon un sondage de l'institut Pew Research Center, 56% des Américains estiment ainsi que l'utilisation de la bombe atomique contre le Japon était justifiée et qu'elle a permis d'écourter le conflit, et donc de sauver des vies.
Evolution lente des mentalités
Même si ce chiffre est encore élevé, il est néanmoins en baisse d'années en années. Preuve de l'évolution des mentalités, l'exposition lancée il y a quelques semaines au musée de l'American University de Washington n'a d'ailleurs pas provoqué de polémique. Y sont exposés 20 objets, prêtés par des musées de Hiroshima et Nagasaki, ayant résisté aux deux bombardements : un uniforme d'écolier brûlé, une gamelle d'élève carbonisée, la réplique d'une montre qui s'est arrêtée à 8h15, l'original étant trop fragile pour voyager.
En 1995, ces objets auraient déjà dû être présentés au Musée national de l'Air et de l'Espace de Washington, où se trouve l'Enola Gay. Face à la controverse, ils avaient rapidement été retirés.