Pétrole contre pétrole: Aramco va saigner pour cesser sa "casse"!
Sat Feb 22, 2020 10:27AM
La spectaculaire frappe au drone et au missile du vendredi 21 février d'Ansarallah contre les installations d'Aramco à Yanbu, terminal pétrolier stratégique saoudien sur la mer Rouge, a été un rappel à l'ordre. Alors que la reprise de Maarib, la région pétrolifère yéménite n'est qu'une question de jour pour Ansarallah, cette nouvelle attaque visant la grande raffinerie de Yanvu, "symbole de la puissance de l'industrie pétrochimique de l'Arabie saoudite" devra bien rappeler à Riyad et à ses soutiens US qui bloquent toute solution pacifique de ce conflit que le pétrole yéménite est aux Yéménites et à personne d'autre. Quelque 3 millions de barils de pétrole sont journalièrement exportés à partir de la raffinerie de Yanbu où l'attaque d'Ansarallah a provoqué de vastes explosions vendredi matin.
Au fait, cette "opération de dissuasion 3", après les deux attaques anti-Aramco de 2019 se veut un frein au détournement systématique du pétrole yéménite que poursuit le trône de Riyad, tout comme l'Amérique et Israël le font pour le pétrole syrien.
Pour beaucoup, le pétrole aura été le principal motif de la guerre qu'a déclenchée Riyad en 2015 contre le Yémen. La richesse pétrolière et gazière, mais aussi une position géopolitique de choix avec des ports infinis aux bords de la mer Rouge. L’Arabie saoudite possède la deuxième plus grande réserve pétrolière du monde ce qui ne l'empêche pas de convoiter le pétrole yéménite, estimé à trois à quatre milliards de barils, soit 1,5% des réserves saoudiennes. Aramco est présent au Yémen partout où il y a du pétrole. Et il a à ses basquettes ses pairs américains et européens : avant 2014, le Français Total, l’Américain Hunt, l’Autrichien OMV, le Canadien CNOOC, anciennement appelé Nexen, le Chinois CNPC, et la compagnie du pétrole nationale sud-coréenne étaient impliqués dans les opérations de forage au Yémen. Cela n'a pas trop changé.
Les forces à la solde de la coalition saoudo-émiratie sont déployées non loin des zones pétrolières à Chabwa, Maarib et à Hadramaout. L’Arabie saoudite a ensuite mis la main sur la province d’al-Mahra pour lancer la construction d’un oléoduc reliant le sol saoudien à la mer d’Oman et cela pour réduire sa dépendance au détroit d’Hormuz. Le port de Shahn, à al-Mahra, est depuis une semaine, le théâtre d’intenses affrontements opposant les mercenaires à la solde de Riyad aux habitants qui en ont assez de la présence et des ingérences des Saoudiens dans leur province.
Selon Naïm al-Sweïdi, économiste yéménite, cité par Al-Khaleej Online, « plus les compagnies européennes et arabes renforcent leur emprise sur les richesses yéménites, plus ils en surévaluent les ressources pétro-gazières dont seulement 20% auraient été découvertes et exploités jusqu’ici ».
Ces données n'échappent guère à Ansarallah qui projette de faire du Yémen un État prospère. "La Résistance yéménite sait que la stabilité politique ne serait rétablie sans la stabilité économique et le pétrole est un élément clé dans cette perspective. On veut le pétrole yéménite, mais aussi ses ports pour pouvoir en exporter. D'où cette obstination saoudo-émiratie qui ne lâche ni Hudaydah, ni Aden, ni Chabwa et ni al-Mukalla".
Et l'analyste d'ajouter : « L'opération du vendredi 21 février d'Ansarallah a frappé l'Arabie des Salmane juste après la visite du secrétaire d'État US à Riyad. Cela a été une humiliation suprême pour les États-Unis qui ont déployé 4000 soldats et de nouvelles batteries de Patriot à Aramco depuis septembre 2019. C'est encore plus humiliant quand on pense que la coalition vient de perdre son premier avion supersonique au Yémen en 2020, et ce, à Al-Jawf. À ce rythme le pétrole yéménite pourrait s'avérer bien peu rentable à la coalition d'occupation. Tout le monde se demande désormais quelles pourraient être la nature et l'ampleur du quatrième coup qu'Ansarallah s'apprête à porter. Paralysera-t-il Aramco sur le territoire yéménite? », se demande l'économiste.