L’ambassadeur de France, à Washington, a même écrit, le 20 mars, sur sa page Twitter : «Insister sur la nécessité de l’obtention d’un accord, avant la fin du mois de mars, est une mauvaise tactique ; il ne faut pas nous mettre sous pression, pour parvenir, à n’importe quel prix, à un accord».
Mais qu’est-ce qui s’est passé en France ? Comment se fait-il que Paris se soit transformé, tout d’un coup, en un sérieux opposant à l’accord avec l’Iran ? Pas forcément ! La politique française était la même, dans le domaine de la prolifération des armements nucléaires, la même politique, qui guidait, depuis 2002, les divers gouvernements français, dans les dialogues avec l’Iran. Ce sont, en effet, les tensions actuelles avec les Etats-Unis, qui ont fait, plus que jamais, apparaître les divergences de vue profondes entre les deux pays, au sujet, notons-le, des stratégies américaines, au Moyen-Orient. Les Français se sentent mis à l’écart, dans les négociations nucléaires ! Les négociations Iran/5+1, sur le dossier nucléaire iranien, se sont transformées en une négociation bilatérale irano-américaine. C’est justement ce dont se plaignent les diplomates français.
Les homologues américains, qui s’attèlent à parvenir à un accord nucléaire avec l’Iran, avant le 31 mars, cherchent à pousser les autres membres du groupe des 5+1 à accorder des concessions à l’Iran, dans les domaines, tels que le nombre des centrifugeuses actives et la levée des sanctions, alors que, pour la plupart des Français, tout comme les critiques des politiques de la Maison Blanche, une telle chose est irréaliste et inefficace. A l'opposé de la Maison Blanche, les Français ne manifestent aucune hâte à parvenir à un accord avec l’Iran.
Il existe, d’ailleurs, d’autres problèmes, au-delà des négociations nucléaires ! Les hommes politiques français sont, en général, contre la plupart des politiques de Washington, au Moyen-Orient. Nombreux sont les diplomates français, qui croient que les Etats-Unis, moins dépendants des ’importations de pétrole du golfe Persique, se sont focalisés, plutôt, sur l’Irak et la Syrie, décidant de changer leur ancien ordre, au diapason avec les pays du Moyen-Orient qui leur sont inféodés. Or, la France, comme beaucoup d’autres anciens alliés des Etats-Unis, au Moyen-Orient, entre autres, les pays du bassin du golfe Persique, Israël et la Turquie, considèrent ce changement de stratégie et de politique, au détriment de ses propres intérêts. Au-delà de l’affaire nucléaire iranienne, la question qui pèse de tout son poids, c’est l’influence et la présence imposante que les Etats-Unis pourraient s’octroyer, à l’avenir, au Moyen-Orient. Paris estime que Washington n’accompagne plus ses anciens amis et partenaires et qu’il n’a plus confiance en eux, car il ne pense plus qu'à préserver ses propres intérêts.